Les journées de la chenille 2021 / Vincy-Manoeuvre (77)

Bonjour à tous,
Petit compte-rendu de l'édition 2021 des journées de la chenille, organisées aux vergers de Navarre à Vincy-Manoeuvre les 11 et 12/09, soit une semaine après les fêtes du 10e anniversaire du musée de la Grande Guerre (ça dépote en Seine et marne!).
La thématique cette année tournait autour du 90e anniversaire de la croisière jaune, avec une concentration de semi-chenillés Citroen sans précédent (12 voitures).
Ce thème n'était pas facile pour faire du gendarmique, mais la chenille reste la chenille: donc, en avant pour le Groupe spécial autonome de Satory!


Petite vareuse angevine pour commencer, avec pattes de col de la 1ere LGRM (made with pride by Adil bashir), et insignes spécifiques des troupes motorisées...


Ce fut encore une très belle édition, foisonnante et pétaradante! A découvrir ou redécouvrir

Belle journée à tous

Belle tenue originale et bien portée.
Idéalement complétée par un veston de cuir noir et un casque 26 de char, mais là, ça risque de devenir très compliqué.

Effectivement, le veston noir se fait rare et cher...Seule solution (comme vu avec l'équipage du St Chamond, du groupe Mémoire de Poilus), en chiner un, ex-EDF ou GDF, qui aura hélas une poche de poitrine en plus...

Et trouver une bonne coque de casque, qui est facilement restaurable.
Pour le blouson, il y a eu beaucoup de fabrications civiles qui s’en rapprochaient dans les années 20-30, mais cela reste effectivement difficile à trouver. A l’époque, l’indispensable Titus m’en avait trouvée une pour le musée.

Bonjour,

Qu'est ce que ces pattes de col "made with pride by Adil bashir" ?

Merci.

Mathieu

Je rejoins Pandore : belle tenue, effectivement bien portée

Belle tenue et très bien portée!

Pour Mathieu, Adil Bashir est un artisan pakistanais qui reproduit des broderies (entre autre). Il en a déjà réalisé pour quelques membres du forum.

Tenue impeccccc !

Mathieu connait Adil Bashir et ses productions, je pense qu'il veut juste savoir si celles portée ici en sont ?

Oui, les pattes de col ont été réalisées par Adil Bashir (https://www.facebook.com/profile.php?id=100009057744651). A l'époque, je lui avais commandé une série, 1ere, 4eme et 7eme LGRM...J'ai porté celles de la 7eme LGRM au Huberbusch.
Et concernant le veston de cuir noir, j'ai fait la même demande à Titus le jour de l'inauguration du musée France 40 véhicules de Fismes le 25 juin dernier!!! Ah, Si Titus m'était conté!
Belle journée à tous

Je suis presque certain que celui qui nous a fabriqué nos veston 35 havane, te ferait le veston noir.

oui Denis, ce serait l'idéal, une bonne repro de veston bien solide...

Pour terminer, ce qui fait aussi un peu que ce type de photos soit réussie, c'est le travail "pilosité-accessoires".
Chez les plus de 40 ans en 40, la moustache était assez répandue:

Boeldieu, Pistache, Le Prévot cultivent avec soin leurs belles bacchantes, et ça rajoute une touche d'authenticité qui vient compléter la tenue. Sans parler des accessoires de vue (les lunettes de soleil de David sont extra)!
Seule difficulté, le port de la mouche (cf le premier de la liste), très à la mode ici et outre-Rhin, mais véritable motif de divorce au réveil!

Bonjour,

Merci pour les réponses. Il serait possible d'en avoir de gros plans ?

Il pourrait être intéressant de faire un post sur ses réalisations, histoire qu'on en trouve pas en vente comme originales.

Mathieu

Les repros sont tellement neuves que tu ne peux pas te tromper.

Le Prévôt a écrit:Les repros sont tellement neuves que tu ne peux pas te tromper.

Pour le moment. Mais une fois patiné par quelques sorties.... Ca serait vraiment intéressant un post.

Mathieu

Non, vraiment, je t'assure, même avec un usage intensif, le cuir utilisé n'aura jamais la patine des vrais.

Pour trois raisons :

1/ c'est fait en vachette et non en mouton chromé
2/ le tannage (ici parfois appelé "cuir gras") ne lui a pas donné le même aspect
3/ les coutures sont en fil synthétique

Le Prévôt a écrit:Non, vraiment, je t'assure, même avec un usage intensif, le cuir utilisé n'aura jamais la patine des vrais.

Pour trois raisons :

1/ c'est fait en vachette et non en mouton chromé
2/ le tannage (ici parfois appelé "cuir gras") ne lui a pas donné le même aspect
3/ les coutures sont en fil synthétique

Salut,

Je parlais des pattes de col !

Mathieu

Ha, là c'est effectivement autre chose ......

D'où l'intérêt pour moi (collectionneur) d'un post sur ces copies .

Merci par avance...

Mathieu

............et voici :

En complément de l'envoi de Denis, petit récap des travaux de passementerie d'Adil: les pattes de col des 4eme, 7eme LGRM + 45eme BCC sont de lui. Celles de la 20eme LGRM sont des originales. Elles sont effectivement moins brillantes, un peu plus ternes.

Enfin, pour terminer, quelques clichés du musée de la gendarmerie de Melun visité ce matin:


Le veston "titus "est bien en place et le casque modèle 26 bien en vue

En revanche, quelle déception avec le mannequin suivant:

Une évocation du groupe spécial autonome en 1940, alors que le 45eBCC a pris le relai, non? Et en plus, le beret des chars et posé en galette sur le haut du crane du mannequin...bref, l'effet n'est pas top! Eric, au secours!!!
Belle soirée et bonne semaine à tous
jcp

Merci pour ces images du musée !! Toujours pas eu l’occasion d’y aller.

Salut JC,

C'est le travail d'Adil ça ? ? ? Les soutaches ?

Bonjour Denis,
Non, Adil n’avait pas de soutaches grises… c’est moi qui les ai posées à l’arrache…
Je m’aperçois que ce n’était peut-être pas utile, en y regardant de près sur les pattes de col du capitaine Delpal:

Je me disais aussi

Le croquis du capitaine Delpal n'est peut-être pas vraiment révélateur de ce qui était vraiment !!!!!

Bonsoir,

Merci pour ces photos. La confection semble pas mal et très approchante des modèles authentiques malgré une cannetille peut être plus épaisse... Dans quelques années on pourrait s'y tromper..

Mathieu

Le Prévôt a écrit:Le croquis du capitaine Delpal n'est peut-être pas vraiment révélateur de ce qui était vraiment !!!!!

Les pattes de col du capitaine Delpal sont en forme de losange car il porte une vareuse 1938.
Ils seraient de forme pentagonale si la vareuse était du modèle 1939.
Une vareuse de ce modèle lui ayant d’ailleurs appartenu est conservée à la salle d’honneur du Groupement blindé de Satory.



Le capitaine Henri Delpal, commandant la 2e compagnie du 45e BCG, est mort au Champ d’Honneur à la tête de son unité au Mont-Dieu, le 23 mai 1940, lors d’une attaque destinée à dégager le village de Tannay.

...et sans oublier le Lieutenant Pichard...Je viens de découvrir une photo terrible dans un ouvrage consacré aux blindés français en mai-juin 40, édité chez Heimdal

Quand on voit l'état de son char et les conditions de son ultime "charge", cela tient de l’héroïsme pur...


Sans parler des équipages de FT17 envoyés au combat...

Que de sacrifices...

D'autres vues du char 40936 du lieutenant Pichard après sa destruction :






Le siège du pilote du chat du lieutenant Pichard, que l’on voit sur la route, ainsi que d’autres débris, sont également exposés dans la salle d’honneur du GBGM :




Le lieutenant Pichard :




L’une des dernières photos du lieutenant Pichard, prise à Poitiers au parc de Blossac, le 28 mai 1940, lors de sa permission exceptionnelle accordée pour la naissance de sa fille. L’officier, aux traits fatigués, qui s’est laissé pousser un collier de barbe pendant les combats du Mont-Dieu, porte une vareuse modèle 1929 en drap kaki à col demi-saxe de forme « aiglon », déjà usée par deux semaines de combat ininterrompu. Son col est orné des écussons du 45e BCG. Les boutons argentés à grenade sont du modèle de la gendarmerie. Les bottes, cloutées et lacées sur le cou-de-pied, permettront d’identifier formellement le corps de l’officier lorsque sa veuve le fera exhumer clandestinement le 19 novembre 1940.



Le fanion du char du lieutenant Pichard :




La tombe provisoire du lieutenant Pichard, à proximité :




Le récit des faits :
Le 12 juin, la 1re compagnie du 45e BCG a été engagée sur le Haricot de Vadenay et les Ouvrages blancs. Le lieutenant Pichard, malgré toute son insistance pour avoir le commandement d’une section, n’a pu prendre part aux violents combats, sa section, la 4e, ayant perdu successivement ses appareils au cours des attaques précédentes et les autres chefs de section ne voulant lui céder leur place au combat. Le lendemain matin à 6 heures, après une longue nuit passée à retraiter, le bataillon espère prendre quelques heures de repos. Mais l’ennemi, que l’on croyait loin, a repris sa progression et ses engins de reconnaissances menacent les arrières de la division. Celle-ci demande qu’une section de chars soit immédiatement envoyée à Vanault-le-Châtel pour protéger le repli du PC.
Le capitaine Petit demande un volontaire pour commander cette section. Aussitôt, Pichard est là, revendiquant comme un droit cette mission incertaine et dangereuse ; à son tour, il fait appel aux volontaires pour constituer sa section, car les équipages ayant combattu la veille, puis passé la nuit entière à bord des appareils, sont à bout de forces. Elle est cependant vite formée, car pour un chef de char ou un mécanicien de la compagnie, c’est un honneur particulièrement apprécié que celui de combattre sous les ordres du lieutenant Pichard.
Il est 7 heures lorsque la section, ayant hâtivement recomplété ses pleins, s’éloigne en direction de l’ennemi. En arrivant à Vanault-le-Châtel, les trois chars qui roulent volets ouverts, chefs de chars assis sur la tourelle, trouvent le pays occupé par les forces motorisées allemandes, dont des chars. L’état-major de la division a dû se replier par une autre route. Pichard revient à son point de départ. La division vient de recevoir l’ordre de gagner le plus vite possible la rive sud de la Marne. Pichard reçoit l’ordre de couvrir en arrière garde le bataillon, en suivant le même itinéraire. Il exécute sa mission en occupant des positions de repli successives et pousse à nouveau une pointe sur Vanault-le-Châtel. Le village est maintenant désert. En se repliant sur Heiltz-l’Évêque, le mécanicien de Pichard casse son démarreur, ce qui rend le char indisponible. L’officier le renvoie vers la colonne et prend l’appareil du maréchal des logis-chef Beltz, en gardant le gendarme Bidot comme mécanicien. Les deux chars restants reprennent la route et tombent sur un détachement motorisé ennemi. Bidot, seul survivant, racontera ultérieurement l’engagement : « Continuant la route, et avant même qu’il ait eu le temps de me transmettre un ordre, le lieutenant Pichard ouvrait le feu au canon sur les véhicules qu’il détruisit littéralement. D’ailleurs la plupart furent incendiés par les obus. Pas un seul ne put se sauver, car la route était plutôt étroite à cet endroit et bordée de quelques maisons, donc impossibilité pour eux de faire demi-tour assez vite et impossibilité encore plus grande de se défendre et de résister, l’élément étant constitué uniquement de véhicules légers et de faible blindage. D’ailleurs, je ne perçus pas un seul coup de feu de leur côté. Au contraire, les Allemands surpris de voir déboucher nos deux chars dans le virage, descendirent au plus vite de leurs véhicules qu’ils abandonnèrent au milieu même de la route, et ce fût tout à loisir que le lieutenant Pichard put envoyer presque à bout portant un obus dans chaque voiture à mesure que le char passait à sa hauteur. La vitesse du char était réduite et je l’arrêtai devant chaque objectif. Pendant que le premier char détruisait ces véhicules (une trentaine, la file étant échelonnée sur 500 m, environ) le deuxième char mitraillait les Allemands qui s’enfuyaient à travers champs, ou achevait la destruction commencée par le premier char ».
Après cet exploit, la section poursuit sa route et gagne Heiltz-l’Évêque, où un bataillon de zouaves tient le village et le passage. Pichard arrête ses deux chars et prend contact avec le commandant de cette troupe, le chef de bataillon Loustaunau-Lacau, afin de le prévenir de l’arrivée imminente de l’ennemi. Celui-ci lui répond : « Je le sais, mais mes hommes n’en peuvent plus ; ils ont besoin d’un peu de repos ». « Dans ce cas, répond Pichard, permettez-moi de me mettre à votre disposition, mon commandant. Je n’ai que deux appareils, mais ils pourront vous protéger si l’ennemi arrive ». La proposition est aussitôt acceptée. Quelques instants après, la présence d’ennemis est signalée sur une hauteur avoisinante. Pichard s’étant attardé auprès du commandant des zouaves pour prendre ses ordres, c’est l’autre appareil, commandé par le maréchal des logis-chef Richard Perrein (mécanicien gendarme Roger Potel), qui part le premier sur l’objectif signalé, suivi à peu de distance par le char de Pichard (H39 n° 40936). Voici ce que racontera son mécanicien, le gendarme Bidot :
« Nous distinguions très bien l’objectif ennemi. Nous apercevions distinctement le départ du coup d’un canon à 50 ou 60 m environ. Cinq minutes à peine s’étaient-elles écoulées (les chefs de char ayant envoyé chacun deux ou trois obus), que j’aperçus très bien le char qui nous précédait à 10 mètres environ, atteint par un obus allemand. Je distinguai nettement que le champignon de la tourelle volait en éclats. L’obus dut exploser à l’intérieur du char, car je me rendis très bien compte que le char cessait de tirer. Je ne cessai de regarder dans sa direction afin de voir si l’équipage sortait du char, mais je ne vis rien. Je rendis compte immédiatement au lieutenant Pichard de ce que je venais de voir. Il continuait à tirer, il me répondit que pour le moment, il nous était impossible d’aller nous rendre compte, ni de leur porter secours, les obus continuant à tomber sur le char ou à proximité. Je regardai alors dans la direction de l’ennemi (j’apercevais toujours les départs des coups de feu) pour régler notre tir, ainsi que m’en avait donné l’ordre le lieutenant Pichard.
« Dix minutes après la destruction du premier char, notre char était atteint à son tour par un obus. Je ressentis alors une violente brûlure à la face et aux mains. Je me sentis enlevé du siège du mécanicien et une grande secousse me fit m’évanouir. Quand je repris, en partie, possession de mes sens, deux heures après, paraît-il, j’étais sur un brancard, dans un bois. Je demandai aussitôt où j’étais et ce qui m’était arrivé. Le lieutenant médecin Bonnet du 3e bataillon du 12e Zouaves, qui était près de moi avec plusieurs hommes de cette unité, me tranquillisa, car je souffrais terriblement de la face et du côté gauche, et j’étais privé de la vue. Il me déclara alors que mon char avait été complètement détruit par un obus de 77, que j’avais été projeté hors du char avec la tourelle par la commotion de l’obus et que la déflagration m’avait brûlé superficiellement le visage et les mains. Deux hommes étaient venus me ramasser et m’avaient transporté sur le brancard.
« Je demandai alors des nouvelles du lieutenant Pichard. Il me répondit qu’il serait près de moi dans un instant. Je demandai également des nouvelles de Perrein et de Potel, et il me déclara qu’ils avaient été tués dans leur char. Au bout d’un instant, demandant à nouveau le lieutenant Pichard, il m’avoua que je ne le reverrai plus non plus, ayant reçu plusieurs éclats, dont un mortel en pleine poitrine ».

Quel récit! Et cette rencontre avant le dernier combat avec Loustanuau-Lacau, incroyable!
Merci Eric !

Rainbowagen a écrit:Quel récit! Et cette rencontre avant le dernier combat avec Loustanuau-Lacau, incroyable!
Merci Eric !

Je t’en prie. Cela tient de la légende, mais c’est pourtant vrai. Détail tiré des mémoires jamais publiées du général Bézanger.